Elle s’assied en septembre, dans la chaleur de son appartement Sierrois, déplie avec soin, sa toile à broder.
Depuis quelques années elle n’a plus assez « de bons yeux », qu’importe, les mains s’en souviennent, tremblantes, elles visent toujours aussi juste. Le geste n’a pas perdu de sa précision.
Elle échange son temps contre des fleurs brodées, elle offre son instant présent à sa créativité.
Décembre, les fleurs inachevées traînent sur la table. Tout autour de cette table, on passe, on trie, on emballe. Les mains s’en sont allées…
Qu’est-ce qu’on va faire de ça, c’est dommage, non? On pourrait donner certes, mais qui veux encore de ça ? La broderie au fond d’un carton, le carton des choses à jeter.
Elle en a décidé autrement la vie et m’a fait, rencontrer vos filles.
Je l’ai terminée en pensant à vous, Madame.
Je l’ai ressenti, dans la broderie, vous y avez mis de la patience, de la volonté, de la beauté, de l’expérience, de l’acceptation, mais aussi de la solitude, beaucoup, de la tendresse, du soin, du calme et tellement de joie.
Merci d’avoir fait le choix de prendre ce temps, d’avoir passé ces heures assise à cette table.
Je l’ai sentie, votre main guider la mienne.
Après avoir terminé votre ouvrage, j’en ai fait un sac, le bonheur ça se prend avec, partout.
Gary Germanier
Cory
Magnifique poème